La Peña-lité Baiona
- Rémy
- 26 avr. 2024
- 3 min de lecture
Héros de toute une ville, Martin Bustos Moyano est l’homme qui a permis au club de rugby de l’Aviron Bayonnais de remonter en Top 14 à l’issue de la saison 2018-2019. Au terme d’un match serré contre Brive en finale de Pro D2 (21-19), le club basque s’en est sorti in extremis. Sauvant son équipe en inscrivant une ultime pénalité, l’Argentin n’a pas flanché face aux poteaux malgré l’enjeu.

80e minute de jeu, la sirène retentit, au stade du Hameau de Pau, Martin Bustos Moyano place son tee avant de frapper. L’Aviron Bayonnais est mené d’un petit point (19-18) par Brive. Les perches se présentent face à l'Argentin qui peut permettre à son club de monter en Top 14. En cas d’échec, Bayonne devra disputer un match d’accession une semaine plus tard contre le 13e du championnat élite.
« Dans une finale, chaque détail compte », raconte l’homme qui est arrivé au club en 2013. Martin connaît l’importance des détails, lui qui joue sa deuxième finale de Pro D2 et qui en a déjà disputé une de Top 14 avec Montpellier. Alors, à la 78e minute de jeu, lorsque les Basques récupèrent une pénalité sur la ligne des 50 mètres, ils ne tentent pas l’impossible et vont en touche. Une sage décision qui leur permettra, sur la touche trouvée, de récupérer une pénalité sur une énième faute briviste, au niveau de la ligne des 22 mètres, légèrement excentrée à droite.
Une routine fiable et bien huilée
« La routine ça ne marche pas à 100% mais ça reste le plus fiable », déclare l'intéressé qui se réfère à ces habitudes pour frapper cette pénalité. Il bénéficie également de la confiance maximale de ses coéquipiers, à l’image de Guillaume Rouet ou Julien Tisseron qui ont affirmé sur Canal+ avoir été sûr que la pénalité passe avant même la tentative. « Pour m’accorder autant de confiance, ils ont dû voir ma sérénité dans le match, et ils connaissent mon expérience » commente l’ancien arrière de l'équipe basque.
« Au moment de rentrer dans ma routine, je laisse d’abord la sirène retentir pour ne pas qu’elle me gène et ensuite je m’y mets, sans penser à l’incidence que ça peut avoir », ajoute-t-il. À l’image d’un Jonny Wilkinson, il colle ses mains, fléchit les genoux et cambre son fessier. Une posture qui peut sembler étrange mais qui a tout de même permis au joueur de 33 ans de réussir les trois pénalités précédentes qui se sont présentées à lui durant le match. Après s'être mis dans sa bulle et laissé de côté les “Argentina ! Argentina !” scandés par les supporters bayonnais, il s’élance et frappe sèchement la balle qui part directement entre les perches.
« Je n’ai même pas regardé la fin de la trajectoire de la balle : je sens que je la frappe bien et je la vois bien partir, je sais immédiatement qu’elle va passer entre les poteaux » raconte l’homme qui se retourne aussitôt après avoir tiré. Il s’oriente vers le banc, « là où il y a les coéquipiers, les copains du terrain », avant que ces derniers ne lui sautent dessus. Bayonne retrouve l’élite, en grande partie grâce à l’expérimenté Argentin.
Une fin en apothéose
Dans une rencontre où la pression était à son paroxysme, Martin est resté serein du début à la fin. « Avec le temps, tu prends la pression de manière différente, surtout lorsque la fin d’une aventure ou de ta carrière approche. Tu profites différemment puisque ce peut être ton dernier voyage, tes derniers moments de concentration, ta dernière mise en place », commente l’homme qui vit à cheval entre la France et l’Argentine. Lorsqu’il doit frapper une ultime fois dans la balle, cette pression il ne la ressent pas.
À la suite de cette pénalité, Martin devient immédiatement le héros de tout un peuple. Le terrain est envahi par les supporters basques, fous de joie de retrouver l’élite. L’hymne de l’Aviron Bayonnais, la Peña Baiona, retentit alors dans le stade de Pau, chantée tant par les joueurs que par les fans. Et la fête ne fait que commencer, « elle a duré trois ou quatre jours », raconte Martin, qui en a profité avec ses coéquipiers et ses amis. Il s’agit d’une fin en apothéose pour celui qui a mis un terme à sa carrière professionnelle à la suite de ce match, de cette finale, de cette ultime pénalité victorieuse.
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