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Faire face à la pression

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Des plus grands craquages de l’histoire du sport aux plus beaux renversements de situation, la gestion de la pression représente un réel enjeu mental qui peut changer le cours d’une carrière. Très pénalisant pour les athlètes qui en sont victimes, le stress n’est pas à prendre à la légère, obligeant un travail sur son mental à l’entraînement. Une fois maîtrisée, la pression peut alors se transformer en une force, au service du sportif de haut niveau.


Contribuant à améliorer les capacités physiques de l’athlète de haut niveau, le mental est aussi mis à rude épreuve lors des compétitions, à cause de la pression qui se transforme parfois en stress. La préparation de cette facette de la performance devient alors un incontournable dans l’entraînement d’un athlète de haut niveau.


Docteur en psychologie spécialisé dans l’accompagnement des projets de performance, Makis Chamalidis a aidé des sportifs dans une vingtaine de disciplines, du golf au football. Il dresse une similitude que l’on peut retrouver dans chacun d’entre eux : la gestion des moments sous pression. « Les lancers francs au basketball, les pénaltys et tirs au but au football, ou les coups au golf… Il faut apprendre au cerveau à savoir comment réagir, en faisant le bon choix surtout sous pression », explique-t-il.


Prévisualiser un moment sous pression permet au cerveau de mieux l’aborder une fois en conditions réelles, comme s’il l’avait déjà vécu. De la même façon que les muscles, il doit être habitué à une situation à l’entraînement pour savoir répondre de la meilleure des manières. Là où la préparation physique va offrir au corps la capacité d’atteindre ses limites, le mental va lui permettre de les repousser.


Ambitionnant une participation aux Jeux Paralympiques de Paris 2024, le para canoéiste Abel Aber fait partie des milliers de sportifs qui se font accompagner psychologiquement dans leur préparation. Pour garder la totalité de son énergie, ce travail mental est essentiel. « La fatigue, le manque de motivation et d’envie peuvent parfois faire défaut », confie-t-il. Tout cet entraînement peut alors payer une fois arrivé en compétition, lorsqu’il faut « savoir puiser dans ses ressources et au plus profond de soi », ajoute le membre du club Golbey-Epinal-Saint-Nabord.


Le stress, un premier rempart à franchir


En compétition, avant même de penser à vaincre ses concurrents, faire face au stress est un premier combat contre soi. En plus de jouer sur la concentration d’un athlète, cela va avant tout le fatiguer mentalement et physiquement. Présent à ses premiers championnats du monde de para canoë en 2021, Abel Aber en fait alors les frais. « Je me suis retrouvé face aux athlètes que je voyais seulement en vidéo. J’ai dû prendre du recul pour échapper peu à peu au stress », se remémore-t-il. « Les premières courses, je réussissais à faire 170 à 180 mètres (NDLR : sur une distance totale de 200 mètres) et après, je n’avais plus de jus parce que je me mettais trop de pression », explique celui qui travaille aujourd’hui avec une préparatrice mentale pour mieux gérer ces échéances majeures.


Pour échapper à la pression, chacun a alors sa méthode. Si pour certains, il est nécessaire de rentrer dans une bulle, c’est loin d’être le cas d’Abel qui a besoin de s’ouvrir davantage avant le départ d’une course. N’ayant rien à perdre, il essaie d’aborder sans pression la finale des Mondiaux. « Je me suis dit “ce n’est que du bâteau, redescends et parle avec les autres”. Finalement, pour la dernière course, je réalise mon meilleur chrono, alors qu’en temps normal, on a plutôt tendance à baisser en niveau », partage le para canoéiste qui s’est découvert le besoin de communiquer pour se libérer du stress. Une fois évacuée, la pression peut alors devenir une source stimulante d’excitation et de motivation pour un sportif.


Utiliser la pression comme une arme


Avec une détermination de fer, la pression domptée peut devenir un atout avant et pendant l’effort. Sous l’aile de Philippe Lucas, qu’elle décrit comme « [son] entraîneur, préparateur psychologique et physique », Laure Manaudou s’est construite un mental à toute épreuve.

« Il m’a donné cette force en me répétant tous les jours : “Tu es la meilleure, tu vas gagner”, ce qui m’a offert énormément de confiance », partage la championne de natation au cours d’une conférence sur sa carrière à Florange, cent jours avant l’ouverture des Jeux Olympiques de Paris 2024.


Pour celle qui estime « le mental à 70 % responsable de [ses] performances », cette force devient une arme pour infliger davantage de pression à ses adversaires : « Je m’asseyais parfois en face de ma plus grosse concurrente avant la finale et je la regardais jusqu’à ce qu’elle baisse les yeux. Ça me motivait d’imaginer qu’elle se dise qu’elle avait déjà perdu la course ». Constater la confiance d’un adversaire peut venir ajouter une pression supplémentaire pour le sportif et lui faire perdre mentalement une compétition avant même son début.


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