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Céline Gerny - « Je ne me voyais pas vivre sans le contact de mes chevaux »

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En pleine préparation pour les Jeux Paralympiques de Paris 2024, Céline Gerny espère décrocher une médaille dans sa discipline, le para dressage. Victime d’une chute à cheval en 2001 qui l’a rendue paraplégique, la cavalière ardennaise n’a pourtant jamais quitté le monde de l’équitation.


TARGET : À quel point le para dressage at-il joué dans l'acceptation de votre handicap ?

Céline Gerny : Le para dressage m’a grandement aidé à m'accepter moi-même. Le fait de retourner voir mes chevaux m’a ramenée à la vraie vie et au monde réel. Dès la sortie de l'hôpital, j’ai senti le besoin de les voir. Ce sont des amis, des personnes à part entière donc j’avais besoin de passer du temps avec eux.


« VOIR MES CHEVAUX M'A RAMENÉE

À LA VRAIE VIE »


Pourquoi être remontée à cheval si rapidement, en seulement deux mois ?

J’étais entourée de personnes qui ont assez rapidement senti mon envie de remonter et qui m'ont accompagnée pour rendre cette remise à cheval possible. La motivation, je l’avais déjà.

Je ne connaissais pas le para dressage en tant que discipline mais j’avais eu la chance de rencontrer des personnes en situation de handicap qui la pratiquaient, comme l’ancien cascadeur Bernard Sachsé. Je me suis tout de suite tournée vers lui pour avoir des conseils.


Comment avez-vous vécu ce moment ?

C’était catastrophique parce que je ne m’étais pas projetée sur le changement de mes sensations. J’avais déjà un assez bon niveau équestre mais le seul fait de me tenir assise était devenu compliqué. Pour un récent paraplégique, la plus grosse difficulté est de conserver l’équilibre du tronc. À ce moment-là, soit je relevais le défi, soit j’arrêtais. C’est ensuite en multipliant les séances que j'ai commencé à prendre du plaisir.


« LE SEUL FAIT DE ME TENIR ASSISE ÉTAIT

DEVENU COMPLIQUÉ »


Est-il compliqué de garder confiance malgré les chutes ?

Toutes mes blessures n’ont pas eu la même incidence, la plus compliquée ayant été celle de 2012. Après deux ans sans monter, le plateau tibial était toujours fragilisé. En cas de rechute, il est toujours probable qu'il casse ce qui pourrait forcer l'amputation de la jambe à cause d'un staphylocoque. Ça a été assez difficile de reprendre sans vivre avec ces appréhensions. J’ai eu besoin d’un accompagnement mental pour les surmonter et performer de nouveau.


Qu'est-ce qui a pu changer en vingt ans de pratique au niveau du para dressage et de votre motivation ?

Il y a eu une grosse évolution sur la discipline en ce qui concerne la technique des cavaliers et l’exigence des juges. Quand je suis arrivée, il y a vingt ans, le para dressage, c’était avant tout des gens en situation de handicap qui montaient sur des chevaux axés sur la sécurité. Maintenant on attend des techniciens plus aguerris, avec plus de précision.


En termes de motivation, je n'ai pour ma part aucune difficulté. Au contraire, l’équitation est un secteur où on apprend tout au long de sa carrière. Je découvre encore de nouvelles sensations, il n’y a pas un jour comme les autres.


« JE DÉCOUVRE ENCORE DE NOUVELLES SENSATIONS, IL N'Y A

PAS UN JOUR COMME LES AUTRES »


Quels sont vos objectifs pour les Jeux Paralympiques 2024 ?

L’objectif pour Paris 2024 est une médaille. On a dû faire un choix stratégique fort avec l’IFCE (Institut Français du Cheval et de l’Équitation) pour s’y préparer. Ma jument n’avait pas la capacité physique pour viser une médaille. On a alors choisi de chercher un nouveau cheval qui me permettrait de conserver cet objectif.


Qu'est-ce qui a rendu cette décision difficile à prendre ?

C’est un choix qui présentait des risques. Pour avoir du succès face aux juges et avoir une chance de médailles, il faut généralement un couple qui se connaît depuis deux ou trois ans. On s’est appuyé sur mon expérience et sur l’expertise de ma coach au cours de la préparation hivernale. Pour la première compétition internationale, fin février à Ornago, nous avons compris que c’était le bon choix en finissant troisième, deuxième et première aux classements.


On avait pas mal de doutes tant qu’on n’avait pas été mis en situation. Savoir que la préparation a été bonne enlève un peu de pression mais il faut continuer à travailler pour aller chercher la médaille.

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