Dans ma peau d'arbitre amateur, avec Sebastien Remoué
- Rémy
- 25 avr. 2024
- 3 min de lecture
Au complexe sportif Jesse Owens de Chilly-Mazarin, le dimanche 14 avril, Sébastien s’apprête à arbitrer un quart de finale de Régional 2 entre l’équipe locale et Melun. Pour sa huitième saison d’arbitrage, il a déjà été au sifflet d’un grand nombre de matchs, mais c’est pourtant une première pour lui en phase finale séniors. Un nouveau défi pour lui qui va devoir gérer la pression d’un match qui s’annonce tendu entre deux équipes aux niveaux de jeu similaires.

« C’est un quart de finale, je m’attendais à un tel match » conclut Sébastien après la rencontre. Afin de s’imprégner de l’ambiance d’un match qu’il sait d’avance serré, l’ingénieur de la SNCF arrive deux heures avant le coup d’envoi. Il pose directement ses affaires dans le vestiaire du stade Jesse Owens et commence à gérer l’administratif en compagnie de Michel, son représentant fédéral. Environ une heure avant le match, il va à la rencontre des deux équipes pour vérifier les crampons. « Je préfère effectuer la vérification des crampons dans les vestiaires car ça me permet d’être face aux joueurs plutôt que dos à eux lorsque c’est fait sur le terrain, et il n’y a pas les interférences du stade », confie celui qui s’est mis sérieusement à l’arbitrage il y a quatre ans. Quinze minutes plus tard, il retrouve les capitaines pour le traditionnel toss d’avant-match. C’est aussi le moment des dernières questions et réglages. En l’occurrence une minute d’applaudissement sera respectée, et des pauses fraicheurs mises en place. Quelques changements « qui n’interfèrent pas dans [sa] manière d’aborder le match », explique-t-il.
Un match âpre et tendu
« Quinze minutes avant le coup d’envoi, c’est le moment où je rentre petit à petit dans mon match, tout en restant serein », déclare l’homme de 31 ans en s’isolant dans le vestiaire pour se mettre dans sa bulle. Puis c’est l’heure d’appeler les deux équipes pour rentrer sur la pelouse, un moment où la tension et l’excitation sont à leur paroxysme dans une rencontre à enjeu. 15h10, sous un soleil d’été, le coup d’envoi est lancé. Dans un stade bruyant où les supporters de deux équipes sont présents en nombre, il reste imperturbable : « l’ambiance générale ne m’atteint pas », ajoute celui qui préfère ne pas se mettre de pression. Pourtant, dans ce match, il y a de quoi en ressentir.
Après une première mi-temps déjà hachée avec un carton pour chaque équipe, la seconde période l’est tout autant et prend même une autre tournure à la 75e minute. Alors que les Chiroquois sont menés mais toujours en lice pour la victoire, leur numéro 8 commet un placage au cou, directement synonyme de carton rouge. L’action rajoute de la tension dans les tribunes et sur le terrain, provoquant une légère altercation entre les joueurs. Une situation que Sébastien gère « de manière simple, en raison de la sanction logique par rapport à l’acte, du bon état physique du joueur plaqué, et du fautif qui s’est aussitôt excusé ». Après 80 minutes de jeu disputées, Melun s’impose (21-25) en terre hostile, une physionomie de rencontre qui n’arrange par les remarques auprès de l’arbitre.
Des discussions d’après match enrichissantes
Bien qu’il ait sifflé de nombreuses pénalités et délivré cinq cartons dans le match, celui qui arbitre depuis huit saisons maintenant tient une justification claire pour chacune de ses décisions. Il ne se laisse pas atteindre par les remarques des supporters déçus qui estiment s’être fait « voler le match ». Alors, lorsqu’il sort du terrain après la rencontre, Sébastien fait « abstraction de toutes les remarques désobligeantes sur son arbitrage tout en surveillant les personnes qui tiennent ces propos ». Cependant, une fois dans son vestiaire, il ne repousse pas les acteurs de la rencontre qui souhaitent avoir des explications sur certaines décisions. « Ces échanges sont très importants, une fois que la tension est retombée, pour se justifier auprès des joueurs et entraîneurs, tout en prenant en compte les remarques afin de m’améliorer », indique l’arbitre qui envisage de passer dans la catégorie supérieure l’année prochaine. « Là aussi je reste à l’écoute : ne pas trop se flageller mais aussi ne pas être trop sûr de soi pendant ses échanges », ajoute-il lorsqu’un supporter vient à sa rencontre pour lui parler de son arbitrage avec une attitude bienveillante et constructive. Ça fait partie d’une nouvelle étape d’apprentissage pour Sébastien, qui doit tout assimiler et passer à autre chose, lui qui sait déjà qu’il est désigné pour les demi-finales de régional 2 la semaine suivante. Que ce soit en tant qu’arbitre de terrain ou de touche, il va une nouvelle fois devoir faire face aux différentes pressions, cette fois-ci épaulé par deux collègues.
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