Qu'attendre de ce Tour de France 2023 ?
- Léo-Mathis
- 30 juin 2023
- 8 min de lecture
Après une édition aussi spectaculaire que celle de 2022, il sera difficile de combler autant les spectateurs de la Grande Boucle cette année. Pourtant, le parcours et le plateau de coureurs ont tout pour proposer au public une édition mémorable et hors du commun, comme chaque année.
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LE PARCOURS
- Présentation
Long de 3404 kilomètres, le parcours de cette 110e édition de la Grande Boucle sera composé de 6 étapes de Plaine, 6 Accidentées, 8 de Montagne et d'un Contre-la-Montre (d'après la classification du site officiel de la compétition). Si les sprinteurs pourront donc s'exprimer davantage que l'année précédente, Thierry Gouvenou, en charge du tracé de la course, et son équipe ont su concocter de nombreuses étapes dantesques et piégeuses, notamment en montagne.
- Points Clés
Etape 1 : Bilbao - Bilbao

La première étape de la course est toujours un moment d'extrême tension et de nervosité puisqu'en plus de la victoire d'étape, elle offre au vainqueur le port de la précieuse tunique jaune de leader du classement général. Ce 1er Juillet sera donc une étape cruciale tant pour les favoris au classement général, aux affuts pour ne pas perdre de temps et bien entamer l'épreuve, que pour le reste du peloton qui pourra s'adjuger le Graal sur les routes basques.
Ce premier épisode propose ainsi un parcours très vallonné avec un enchaînement de côtes dans les 50 derniers kilomètres aux alentours de Bilbao avec comme juge de paix, cette Côte de Pike (2 kilomètres à 10% de pente moyenne) qui pourra servir de tremplin à un coureur en forme, galvanisé par la perception du Maillot Jaune. A son sommet, il ne restera plus que 10 kilomètres au peloton pour plonger vers Bilbao et négocier le final de cette étape, également en montée, qui pourra couronner le meilleur puncheur du jour si un groupe venait à se disputer la victoire au sprint.
Etape 6 : Tarbes - Cauterets-Cambasque

La première véritable étape de montagne interviendra au 6e jour pour les coureurs qui devront faire face aux géants des Pyrénées avec un parcours propice aux offensives de loin. L'enchaînement Col d'Aspin-Col du Tourmalet (dont le sommet sera situé à 30 kilomètres du pied de l'ascension finale) pourra permettre à un coureur ayant perdu du temps durant le Grand Départ de récupérer ces précieuses secondes perdues en tentant une attaque loin de l'arrivée. Cependant, la distance qui sépare le Souvenir Jacques Goddet risque de dissuader les potentiels attaquants qui risqueraient de gaspiller leur force en se faisant rattraper au pied de la descente du Tourmalet.
L'ascension finale de Cauterets-Cambasque proposera la première arrivée au sommet de cette Grande Boucle. Un début plutôt doux pour les favoris au général puisque cette ascension est composée en deux temps, les pourcentages difficiles n'intervenant qu'après 10 kilomètres de montée avec enfin un passage de 4 kilomètres oscillant autour des 10% de pente moyenne. Comme le dit l'adage, sur cette première étape de montagne, on ne pourra pas gagner le Tour mais il sera possible de le perdre si la forme n'est pas au rendez-vous dès la première semaine.
Etape 9 : Saint-Leonard-de-Noblat - Puy de Dôme

Si l'arrivée à Cauterets-Cambasque ne permet pas de créer de réels écarts au classement général, cette 9e étape sera probablement responsable de nombreux craquages entre Saint-Leonard-de-Noblat et le Puy de Dôme avec cette ascension mythique délaissée par la Grande Boucle depuis plusieurs décennies. Les coureurs auront sûrement tous en tête le duel légendaire entre Jacques Anquetil et Raymond Poulidor en 1964 et il faudra être fort ce 9 Juillet pour ne pas manquer de forces dans les 5 derniers kilomètres terribles de la montagne auvergnate dépassant les 10% de pente sur une route serpentant vers le sommet.
Avant la dernière journée de repos, il sera possible pour les plus forts de prendre une avance déjà confortable sur leurs adversaires avant d'aborder les Alpes et le "money time" de ce Tour de France.
Etape 16 : Passy - Combloux

Les spécialistes du contre-la-montre seront délaissés sur cette 110e édition du Tour de France avec seulement 22 petits kilomètres à se mettre sous la dent et plusieurs montées à gravir entre Passy et Combloux. Après la seconde journée de repos, les coureurs pourront aborder cette dernière semaine de course de la meilleure manière en reprenant du temps à leurs rivaux sur le parcours exigent de cette 16e étape qui propose l'ascension de la Côte de la Cascade de Coeur et de la Côte de Domancy, chère au Blaireau Bernard Hinault le dernier vainqueur français de la Grande Boucle, un signe de performance d'un coureur tricolore ? La réponse le 18 Juillet prochain.
Etape 17 : Saint-Gervais Mont Blanc - Courchevel

Cette 17e étape en direction de Courchevel est décrite par beaucoup comme l'étape Reine de ce Tour de France 2023 et elle a tout pour prétendre à ce titre : plus de 5000 mètres de dénivelé positif au programme, deux ascensions de 1ère catégorie et la montée Hors Catégorie du Col de la Loze, toit du Tour 2023 avec ses 2 304 mètres d'altitude !
Il faudra être en forme les routes alpestres pour prétendre à la victoire finale à Paris avec cet enchaînement inédit de cols tout aussi difficiles les uns que les autres. Le Col de la Loze avait déjà été escaladé par le peloton en 2020, sacrant le colombien Miguel Angel Lopez, mais c'est par un autre versant encore plus long que les prétendants au général devront se démener avec une première partie certes irrégulière mais bien suffisante pour peser dans les jambes à Méribel, là où les choses sérieuses vont réellement commencer avec des pourcentages affolants atteignant les 24% à plus de 2 000 mètres d'altitude. Le Col de la Loze sera bien suffisant pour départager les plus forts mais il ne faudra pas oublier de garder quelques réserves pour la bosse finale sur l'altiport de Courchevel qui pourra définitivement condamner les coureurs hors de forme avec ses rampes dépassant les 10%
Etape 20 : Belfort - Le Markstein Fellering

Les organisateurs avaient déjà utilisé le terrain accidenté des Vosges pour décider de la victoire finale au général en 2020 lorsque la 20e étape, un contre-la-montre entre Lure et la Planche des Belles Filles, avait sacré le jeune Tadej Pogacar aux dépens de son compatriote slovène Primoz Roglic. Avec 5 cols de 1ère et 2e catégorie et un final enchaînant Petit Ballon et Col du Platzerwasel, le parcours sera propice à de nombreuses attaques offrant une dernière chance aux prétendants au général de renverser leurs adversaires pour conquérir une place dans le top 10, le top 5, sur le podium ou même la victoire finale. L'équipe du Maillot Jaune devra avoir les épaules solides sur cette 20e étape si elle ne veut pas voir filer entre ses doigts ce Tour de France 2023.
Déjà emprunté par le Tour de France Femmes en 2022, ce final a déjà prouvé qu'il était capable d'engendrer des écarts importants à l'arrivée au Markstein puisque la future vainqueur Annemiek Van Vleuten y avait décroché la première place du général en franchissant la ligne d'arrivée 3 minutes et 26 secondes avant sa dauphine Demi Vollering et 5 minutes et 16 secondes avant le groupe se jouant la 3e place de l'étape.
La journée du 22 Juillet 2023 a donc toutes les cartes pour entrer dans les annales et devenir l'une des dates cruciales ayant façonné l'Histoire longue et magnifique du Tour de France.
LES FAVORIS
⭐⭐⭐ 3 étoiles
- Jonas VINGEGAARD (Jumbo - Visma) : Vainqueur sortant de la Grande Boucle, le Danois a écrasé la concurrence sur le dernier Criterium du Dauphiné et semble dans une forme étincelante, prêt à défendre son titre, appuyé par une équipe qui lui est cette fois à 100% dédié avec l'absence de son coéquipier Primoz Roglic, vainqueur récent du Tour d'Italie. Jonas Vingegaard est logiquement le favori numéro 1 à sa propre succession mais il ne devra pas tomber dans les mêmes pièges que son coéquipier slovène qui a toujours vu la victoire au général lui échapper de peu, souvent victime de malchance ces dernières saisons.
- Tadej POGACAR (UAE Team Emirates) : Au sommet de son sport depuis 3 ans, on ne peut pas ne pas citer le jeune (plus tant que ça) prodige de la formation UAE Emirates parmi les favoris à la victoire finale. Arborant pour la première fois de sa carrière les liserés slovènes de champion national, Tadej Pogacar revient sur la Grande Boucle avec une équipe bien plus solide que la saison dernière, ce qui avait pu lui causer défaut sur cette édition face au collectif infaillible de la Jumbo Visma. La seule inquiétude pour le double vainqueur de l'épreuve réside dans son absence des pelotons pendant 2 mois après la chute qui l'avait contraint à l'abandon sur Liège-Bastogne-Liège lui fracturant le scaphoïde. Cependant, même amoindri, Tadej Pogacar reste un prétendant sérieux à la victoire à Paris.
⭐⭐ 2 étoiles
- David GAUDU (Groupama - FDJ) : Meilleur candidat français à la succession de Bernard Hinault, le "Petit Prince de Bretagne" garde le même objectif qu'en 2022 : finir sur le podium de cette Grande Boucle. 4e à 13 minutes de Jonas Vingegaard à Paris sur la dernière édition, le leader de la Groupama - FDJ semblait à des années lumières des monstres qui le devançait. Pourtant, en mars dernier sur Paris Nice, il a montré qu'il avait passé un cap en rivalisant avec les meilleurs et en finissant finalement 2e du classement général de la Course au Soleil derrière Tadej Pogacar mais devant le vainqueur sortant du Tour Jonas Vingegaard ! Avec seulement 22 kilomètres de contre-la-montre, lequel est en plus de ça en montée, le parcours est extrêmement favorable au français et il lui faudra saisir cette chance qui ne se représentera peut-être jamais même si cet objectif semble si loin et inatteignable.
- Richard CARAPAZ (EF Education - Easypost) : Champion Olympique, Vainqueur du Tour d'Italie 2019, présent dans le top 5 d'un Grand Tour chaque saison depuis 2018, l'équatorien est évidemment un candidat sérieux au classement général grâce à son expérience et grâce aux qualités qu'il a déjà su démontrer. Ayant changé d'équipe en 2023, le leader d'EF Education-Easypost ne pourra pas bénéficier d'une formation aussi forte que son ancienne Ineos Grenadiers mais il pourra profiter d'une situation similaire au Giro 2019 lorsqu'il avait remporté la course en profitant du marquage entre les deux ultras-favoris Vincenzo Nibali et Primoz Roglic. S'il a déjà connu le goût du podium de la plus grande course cycliste du monde en 2021, finissant 3e, il n'avait déjà pas à l'époque été capable de battre Tadej Pogacar et Jonas Vingegaard qui occupaient les deux premières positions du classement général. Lui aussi peu à l'aise sur l'exercice chronométré devra saisir sa chance sur ce parcours plus montagneux s'il espère un jour remporter le Tour de France.
- Enric MAS (Movistar Team) : Coureur très irrégulier, l'espagnol de la Movistar Team n'a jamais réussi à faire mieux que 5e sur le Tour de France en 2020, une anomalie à la vue de son palmarès comptant déjà trois deuxièmes places sur son tour national la Vuelta. A l'image de David Gaudu, Enric Mas a su se montrer à son avantage en début de saison en rivalisant avec Tadej Pogacar sur le Tour d'Andalousie en février. Ayant eu du mal à confirmer, l'espagnol a souffert sur le reste de la saison et sort, comme les deux autres coureurs ci-dessus, d'un Criterium du Dauphiné décevant sur lequel aucun des trois n'a même été capable de s'immiscer dans le top 10 du classement général de l'épreuve. Enric Mas reste tout de même un candidat sérieux au podium à Paris grâce à son expérience et son habilité à se dépasser dans les grands moments.
⭐ 1 étoile
- Ben O'CONNOR (AG2R Citroën Team)
- Pello BILBAO (Bahrain - Victorious)
- Jai HINDLEY (Bora - Hansgrohe)
- Romain BARDET (Team DSM - Firmenich)
- Mikel LANDA (Bahrain - Victorious)
NOS PRONOSTICS
(Voir Vidéo : 44'04)
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